La
consommation collaborative est un nouveau
mode de consommation, non plus basée sur la possession d’un bien mais
sur la valeur de son usage. Ce terme dû
à Ray Algar est apparu avec l’avènement
des nouvelles technologies et d’internet qui ont fluidifié les échanges entre
les consommateurs. La consommation collaborative repose d’une part, sur les
systèmes « pair à pair » qui permettent de mettre en relation la
masse des personnes qui recherchent un bien, un service, un échange de savoir,
… avec ceux qui le proposent et d’autre part, sur les systèmes de réputation
qui sont sensés amener la confiance nécessaire aux échanges entre inconnus. Ce
parangon met donc en œuvre une horizontalité dans les échanges : les acteurs sont à la fois
consommateur et producteur.
Illustrons
ces propos, avec des sociétés françaises dont le modèle économique repose sur la consommation
collaborative :
Sa
proposition de valeur consiste en la mise
en relation des conducteurs qui voyagent avec des places libres avec des
passagers recherchant des voyages.
Les
passagers achètent leurs billets en ligne et le site reverse l’argent au
conducteur après avoir prélevé une commission sur le prix du covoiturage.
Koolicar :
Effectif : environ 10 personnes - présent dans une douzaine de villes
françaises – l’objectif à court terme est de proposer 6000 véhicules.
Sa
proposition de valeur est d’offrir la possibilité aux particuliers de louer
leur propre voiture, sans échange de clés via la KoolBox, d’une heure à
quelques jours.
Le
service inclut le carburant, l’assistance et l’assurance via la MAIF.
GuestToGuest :
Effectif 7 personnes - 56000 maisons
disponibles dans 170 pays – Les objectifs sont pour 2015, d’atteindre la
rentabilité et pour 2018 est d’avoir un million de membres.
La
proposition de valeur se décline sur la possibilité offerte aux membres de
laisser gratuitement leur maison pendant qu’ils partent en vacances,
engrangeant des points qu’ils pourront réutiliser ensuite pour se loger chez
quelqu’un d’autre sans débourser un centime (système proche du Couchsurfing). La société
se rémunère grâce aux commissions de 3,5% prélevées sur la caution optionnelle
que les propriétaires peuvent demander.
Ce choix est effectué par 80% des propriétaires.
KissKissBankBank :
Effectif moins de 20 personnes – CA 2014 : 900 000 euros - 31 2000
inscrits – entre 2010 et 2014, plus de 9300 projets ont été présentés dont un
peu plus de 5000 ont atteint leur objectif financier.
Sa
proposition de valeur se matérialise par la possibilité offerte aux internautes
de participer au financement, avec ou sans contrepartie, d’un projet créatif
(musique, film/vidéo, spectacle vivant) pré sélectionné par les gestionnaires
du site.
Il
est à noter que le site a levé 2,1 millions d’euros auprès de XAnge Private
Equity dont un des partenaires industriels est la GMF.
Prêt
d’union :
Effectif 100 personnes – Volumétrie des prêts au 1er
février 2014 : 60 Millions d’euros.
Sa
proposition de valeur est de gérer la
relation entre des prêteurs et des emprunteurs qui souhaitent obtenir un
crédit à la consommation sur une durée de 2 à 5 ans. Le gestionnaire centralise
les sommes apportées qui servent à financer les dossiers validés par la
plateforme.
Il
est à noter que le Crédit Mutuel Arkéa (34,9%)
et AG2R La mondiale (2,9%) sont actionnaires de la société.
Le mode de
l’assurance voit lui aussi apparaître de nouveaux acteurs basant leurs offres
sur la consommation collaborative. Par exemple, sur le marché français la start
up insPeer propose de constituer une communauté d’utilisateurs qui interviendra
lors d’un sinistre d’un de ses membres pour couvrir le montant de la franchise
des contrats d’assurances.
Mais
d’autres sociétés ont développé des offres plus larges basées sur la
consommation collaborative, par exemple la société Friendsurance en Allemagne
distribue des contrats habitation, responsabilité civile et accompagnement
juridique ou bien la société jFloat au Royaume-Unis positionnée sur les
contrats automobiles. Leurs
modèles reposent sur la constitution d’une « mutuelle » d’amis dont
chaque « sociétaire » s’engage à participer au remboursement d’un
sinistre affectant un autre membre du réseau à hauteur d’un montant prédéterminé.
En conséquence, le groupe affecte une
somme pour créer un filet de sécurité. Et, en plus, pour les cas où ce montant
ne serait pas suffisant, l’entreprise souscrit, moyennant une prime, une
assurance complémentaire auprès d’une compagnie traditionnelle. Ainsi
la mise en place de ce système devrait d’abord limiter le nombre de petits
sinistres qui sont souvent coûteux pour les compagnies d’assurances et, comme
les clients arrivent avec leur réseau, diminuer les frais engagés pour capter
des nouveaux assurés. Ensuite, la composante communautaire devrait conduire à une
meilleure responsabilisation des assurés aussi bien dans leurs comportements
que dans leurs recours à l’assurance
réduisant ainsi l’aléa moral. Et enfin, avoir une influence positive sur le
risque de fraude : ce n’est plus l’assureur qui est arnaqué mais le
réseau ! Au
total, d’après les estimations de jFloat le montant des primes pourrait être réduit
d’au moins 50% !
En guise de
conclusion, les exemples précédents montrent que la consommation collaborative
repose sur la mise en réseau par le numérique des consommateurs (web 2.0). Ces
réseaux peuvent être constitués de personnes qui se connaissent ou, le plus
souvent, d’inconnus. Dans ce dernier cas, la confiance amenée par la réputation
des acteurs est un facteur clé pour intensifier ce mode de consommation. C’est
pourquoi des sociétés se positionnent sur ce créneau. C’est ainsi que La Poste
offre un service d’identité numérique vérifiée (INV) ou bien la société FidBacks
propose la mise en place d’un profil unique utilisable sur les différents sites.
Mais ceci
fera l’objet d’un prochain post !